Je n'ai pas grandi dans une famille aimante. Je n'ai pas grandi avec un père et une mère. Enfin... J'ai eu une famille jusqu'à mes trois ou quatre ans, je ne sais plus. Avant qu'on ne me retire à eux. Ils étaient camés et ne s'occupaient pas très bien de moi... Voir quasiment pas. Cela s'est su et j'ai été placé en famille d'accueil... J'aurais pu avoir une enfance heureuse mais cette famille d'accueil, située à Bridgeport, me punissait sans cesse pour rien. J'avais le droit à des corrections sans raison apparente. Les coups laissaient des marques et cela s'est vu à l'école. On m'a à nouveau changé de famille... J'avais douze ans... Je crois que... J'aurais préféré rester avec l'autre famille d'accueil... Dans celle-ci... Je... J'ai vécu l'horreur... Cela a duré deux ans... Viols, coups, absence de nourriture... J'ai pris la fuite du haut de mes quatorze ans et je suis retournée à Maycomb, la ville de ma naissance... J'ai juste disparu du jour au lendemain de Bridgeport en volant au passage de l'argent pour me permettre de prendre le train.

J'ai pris plusieurs trains et j'ai fini en stop... Et me voilà de retour dans cette ville que je ne connais pas... J'ai eu ce besoin de revenir à mes racines... Mais... Je n'ai aucune famille ici, aucun ami, rien. Je n'ai même pas de quoi trouver un endroit où vivre. Les premières nuits dans la rue ont été très dures à vivre... J'ai fini par croiser quelqu'un qui m'a indiqué un endroit où je pourrais aller. Tent City... Le coin des sans-abris... Je me suis battue contre des hommes qui ne me voulaient pas du bien... J'ai forcé le respect... On m'a laissé m'installer... Une jeune femme a fini par m'approcher un mois plus tard. Pour vivre, il me faut de l'argent et elle a envie de m'aider... Je l'ai touché... Surement qu'elle m'a entendu avoir des terreurs nocturnes dans la nuit... Elle s'est mise à m'apprendre le vol. On s'est fait prendre quelques fois et je me débattais toujours, je me battais.

Hélas, ce n'était pas suffisant... J'ai pu m'acheter une tente, que j'ai installé à côté de celle de mon amie. Un soir, je l'ai vu faire entrer un homme dans sa tente. Il est ressorti une heure plus tard en lui jetant à la gueule des billets. J'en avais jamais vu autant en une seule fois... Elle m'a alors expliqué que pour vivre, il faut faire ce qu'il faut... Et c'est ainsi que j'ai commencé à me prostituer, à vendre mon corps déjà bien abimé et souillé par le passé. Mais... Je me suis refusée de le faire régulièrement. C'était au dessus de mes forces. J'ai fini par prendre gout à ce petit jeu... Charmer, séduire pour obtenir ce que je veux. J'ai vu l'effet que je fais aux hommes...

Je suis ainsi devenue une prostituée par moment, et une bonne voleuse. Ma famille de coeur vit dans la rue et cela me va. Je ne pensais pas pouvoir m'habituer à cette vie et pourtant... On a même fini par se mettre en tête l'idée de s'acheter un petit mobile home avec mon amie. Mais elle retarde le moment... Elle adore son métier de prostituée. Personnellement, ce n'est pas ce que je désire. Je ne veux dépendre de personne. Je n'aime pas qu'on m'aide ou être redevable de qui que ce soit. Pourtant, je continue de me faire payer... Et je tente d'éviter deux voisins de tente... Deux alcooliques qui me veulent du mal...

Cela fait désormais quatre ans que je vies ainsi...