biographie
Quoi que tu fasses, demain, le soleil se lèvera à l'est
Du plus loin que je me souvienne, il y a toujours eu ma grande sœur, mes parents et moi. Mon père qui se levait bien avant le soleil pour aller faire du pain, ma mère qui nous réveillait avec l'odeur des toasts ou des pancakes le matin avant d'aller à l'école. La quartier pavillonnaires avec toutes ses maisons et ses jardins identiques où il y avait toujours quelque chose à fêter, une raison de se réunir. Enfant, j'étais bien différente. Réservée, je me cachais derrière ma sœur qui parlait pour moi. Avec un an d'écart, on avait les mêmes amis, on faisait les mêmes sorties, on était inséparables. Si elle a toujours été plus terre à terre, moi je rêvais d'être une héroïne de film. De vaincre les méchants. De faire régner l'ordre et la justice. Un peu comme Batman mais sans le masque. Comme Catwoman mais sans le latex. Alors c'est décidé : un jour, je serai policière.
Passer le matin à la boulangerie était obligatoire. On avait toujours le droit à un goûter, une sucrerie, quelque chose qu'on mettait dans notre sac pour le manger à la pause. De la petite école à l'université, j'ai toujours gardé cette habitude. Même aujourd'hui, que la boulangerie a été vendue et que j'ai quitté la maison familiale... On ne se refait pas ! Si papa faisait le pain, maman le vendait. Elle a fait plein d'autres petits boulots mais elle finissait toujours par revenir travailler à la boulangerie. Tout n'est pas toujours rose quand notre famille tient un commerce, mais j'ai eu une enfance épanouie. Avec mon oncle, j'ai appris à tirer très tôt. J'ai toujours eu beaucoup d'énergie alors j'ai fait de la danse, de la gymnastique puis je me suis tourné vers les sports de combat, bien plus satisfaisant pour moi. Pour devenir une bonne policière, il fallait bien ça non ? On a jamais vraiment pris mon rêve au sérieux alors j'ai arrêté d'en parler avec mes amis. Tant pis si on ne comprenait pas. C'était privé après tout.
Au lycée, j'étais loin d'être la plus populaire. Pas comme Tobias en tout cas. Lui, il avait toutes les filles à ses pieds. Alors pourquoi moi aussi, j'avais le béguin pour lui ? Un premier amour c'est sacré. Et j'ai eu l'intelligence de me faire un peu désiré. Notre première discussion pendant cette fête a été magique. C'est comme si on s'était toujours connu. Ça a toujours été simple pour Toby et moi de nous comprendre. Alors très vite, on est sorti ensemble. Et il a cessé beaucoup de ses mauvaises habitudes pour prendre soin de notre couple. Ma famille l'a toujours adoré et j'ai fait de mon mieux pour l'aider lors de la mort de son père. Je connais tout de lui. Même sa part d'ombre. Je connais sa violence et je suis là pour y mettre des limites. Tout comme il connaît ma témérité et veille sur moi chaque jour, malgré le métier dangereux que j'ai choisi d'exercer.
Pourtant, mon entrée à l'école de police n'a pas été simple. Je ne fais qu'un mètre 52 voyez-vous ? Et on a du mal à prendre au sérieux une jeune blondinette mais j'ai décidé de ne pas me laisser impressionner. De m'endurcir. D'aller au-delà de ce qu'on imaginait de moi et de prouver que j'avais ma place ici. Car j'ai toujours vécu dans la peur. La boulangerie a été braquée et pas qu'une fois. Je voulais mettre cet uniforme pour protéger mes parents. Pour faire régner l'ordre. Pour inspirer la confiance et la paix à toutes les personnes que je croiserais. La réalité est bien différente de ce que j'ai imaginé. Même en y mettant toute mon âme, je n'arrive pas à faire autant que je le souhaiterais. J'embrasse ma destinée et j'accepte que le monde ne changera pas, en essayant à mon échelle de faire le mieux possible.
Cette opportunité de devenir Capitaine dans une autre commissariat m'a donné du baume au cœur. Oui il fallait déménager et Tobias n'était pas partant au début... Mais il m'a suivi et je peux enfin monter en grade, malgré mon jeune âge. A 24 ans, c'est pas simple de se faire respecter mais à force, j'ai réussi à apprivoiser mes collègues et nous formons une bonne équipe aujourd'hui. Les rues de Maycomb sont plus sûres, du moins je l'espère. Chaque matin je fais mon jogging, je passe par la boulangerie et je pars travailler le sourire aux lèvres. Tobias s'est lancé et a acheté un café-librairie. Je suis si fière de lui et je l'aide comme je peux. Il y a des hauts et des bas, mais je sais que je peux toujours compter sur lui... Alors... pourquoi est-ce que je me suis égarée ? Pourquoi est-ce que je l'ai trompé ? Tout est allé si vite, je me suis perdue. J'espère trouver le temps de lui en parler, mais on est si occupé tous les deux... Je vois le médecin tout à l'heure, car j'ai des nausées depuis plusieurs semaines que je n'explique pas. J'espère que ce n'est rien de grave...